Le harcèlement moral au travail, concrètement de quoi s’agit-il ?

UNE ou plutôt … DES définitions

Le Larousse donne la définition suivante :
  • “Agissements malveillants et répétés à l’égard d’autrui, susceptibles notamment d’altérer sa santé physique ou mentale, de porter atteinte à ses droits ou à son avenir professionnel, ou, quand ils s’exercent à l’égard du conjoint ou concubin, par exemple, d’altérer ses conditions de vie.”

Le harcèlement moral étant réprimé par la loi, le code du travail et le code pénal donnent eux aussi une définition.

Définition du code du travail
  • “Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.” (Code du travail L.1152-1)
Définition du code pénal
  • “Le fait de harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende.” (Code pénal L.222-33-2)

Ces définitions qui ont évolué dans le temps permettent de comprendre le cadre légal, de connaître le risque encouru par les entreprises, dirigeants, managers mais aussi les autres salariés.

Le harcèlement moral, une violence ?

Le harcèlement moral appartient aux RPS (Risques PsychoSociaux) en tant que violence interne.

Une violence interne n’est pas forcément considérée comme du harcèlement. 

Pour autant, si cette violence à vocation à se répéter, a pour objet ou conséquence de nuire à autrui, si elle est organisée, alors elle peut devenir du harcèlement. Le résultat étant finalement le même. Nous sommes face à un RPS générateur de stress, de mal-être pouvant déboucher, dans les cas les plus extrêmes mais malheureusement réels, au suicide.

Comment se manifestent ces violences ?

Les violences internes pouvant conduire à une situation de harcèlement moral ne sont pas uniquement le fait d’un manager sur un(e) salarié(e). Elles peuvent aussi être, à l’inverse, le fait d’un salarié(e) sur son(sa) manager. Il peut s’agir également de violences entre collègues (deux personnes ou plus). Une enquête de la DARES de 2019 montre d’ailleurs que cette dernière est loin d’être une situation isolée. Dans le cadre de l’étude, 25% des salariés en situation d’insécurité économique disent avoir vécu des tensions avec leurs collègues au cours des 12 derniers mois et 20% des salariés n’étant pas en situation d’insécurité économique.

DARES

Quand on parle de violences, on peut avoir pour première pensée, les violences physiques. Or, ce sont bien les violences d’ordre psychologiques qui sont les plus courantes dans l’entreprise. 

L’enquête Virage de l’Ined réalisée en 2015 et publiée en 2020 en fait état (cf. ci-dessous).

20 % des femmes et 15,5 % des hommes déclarent avoir subi au moins un fait de violence dans les 12 derniers mois au travail. Sur cette population, 15% des femmes et 12% des hommes disent avoir subi des insultes et pressions psychologiques.

Ces violences peuvent-être :

  • Des menaces, moqueries, insultes, …
  • L’isolement de la personne
  • Une surcharge de travail
  • L’absence totale de tâches

Les violences psychologiques, une question de point de vue ?

En entreprise, lorsque les termes de “violence psychologique”, “harcèlement moral”, “risques psycho-sociaux”, … sont prononcés, la prudence est de mise en général et à raison. Mais cela ne signifie pas ignorer ou sous-estimer la situation.

Au contraire, le sujet doit être pris en charge avec objectivité et pragmatisme, autant que faire se peut. Toute plainte, tout témoignage, tout appel à l’aide se doit d’être considéré et pris en compte. 

Spontanément, les réactions suivantes peuvent survenir : 

“il/elle est sensible”, “il/elle a des problèmes perso en ce moment”, “il/elle a déjà eu des soucis dans sa précédente entreprise”, “il/elle n’a pas d’humour”, “il/elle est susceptible”, …

…. Et j’en passe car on pourrait certainement faire un livre en plusieurs tomes sur ces expressions entendues que ce soit de la part de dirigeants, managers ou salariés. Elles sont à bannir. 

A partir du moment où vous avez connaissance d’une situation qui peut faire penser qu’il y a violences psychologiques ou tout du moins une forme de détresse psychologique, il convient d’agir et comme évoqué précédemment, avec le plus d’objectivité possible.

Par conséquent, afin de ne pas être pris au dépourvu, l’entreprise doit avoir mis en place un dispositif pour gérer ce type de situation. 

On en parle ensemble dans un prochain article … et avec l’Atelier-théâtre sur le harcèlement moral.

Rédaction :

Corinne Lusetti-Roger, Consultante et formatrice en Ressources Humaines, C’RRH