Burn-out: de la perte de sens à l’épanouissement

Je me souviens exactement de ce jour où j’ai craqué : le 19 mars 2017.

C’était au retour d’un court séjour à Stockholm avec ma famille dont mon petit bonhomme âgé de 3 ans. Le séjour a été sportif mais j’ai réussi à déconnecter du travail. Jusqu’à ce SMS reçu la veille du départ qui me remet dans le travail, la pression, l’agenda, … Je commence à vaciller.

Le lendemain, retour en France. Le vol est difficile, mon fils est hyper excité et moi déjà la tête au travail. En attendant la navette pour rejoindre notre voiture, j’explose ! Je déverse toute ma colère sur mon fils pour ensuite culpabiliser de l’avoir fait. Je rumine. Mon mari ne dit rien, scotché ou du moins il ne veut pas en rajouter à la situation.

Je prends le volant, destination la maison. Je finis par pleurer toutes les larmes de mon corps : je n’en peux plus de la pression, de cette charge physique et mentale. Et surtout, je m’en veux de voir mon fils depuis 3 ans comme étant un “obstacle” à la bonne réalisation de mon travail.

Mon mari me dit que lui aussi en a marre de ne plus me voir, de passer ses soirées seuls sur le canapé, de ne pas prendre le pdj avec moi, de me voir aller m’allonger en soirées tellement je suis épuisée, de me voir sous tension permanente, irritable.

Et moi de lui demander alors : mais pourquoi ne m’as-tu rien dit ?

Il m’explique qu’il l’a fait mais que je n’ai pas voulu entendre. Alors il a arrêté car cela finissait toujours par une engueulade. Il a abdiqué et a attendu que ça passe.

Ce jour-là, le 19 mars 2017, j’ai décidé que c’était terminé. Je ne savais pas encore comment mais terminé.

La bascule ne se fait pas du jour au lendemain d’autant que dans le burn-out, les causes sont multiples. J’ai une part de responsabilité : une grande difficulté à dire non, la fuite des conflits, un niveau d’exigence très élevé, une capacité de travail très forte, une envie (un besoin) d’être sur tous les fronts, tous les sujets, un besoin de reconnaissance, une sensibilité à fleur de peau. Bref, un joli cocktail pour être une excellente candidate au burn-out surtout lorsqu’elle se retrouve dans un cadre de travail propice à celui-ci.

J’ai alors entamé une psychothérapie.

J’ai commencé à marquer mon territoire sur le plan professionnel. Puis, j’ai osé dire “non”. La réaction fût immédiate et malheureusement pas celle que j’attendais.

J’ai indiqué que je n’allais pas bien, que j’étais surchargée. La réponse fût totalement à côté de la plaque : “prends une femme de ménage”. Comme si le problème était personnel.

Dans la foulée, je suis tombée enceinte de mon deuxième enfant. Ce fût mon petit miracle de Noël. Celui qui m’a d’une certaine façon forcée / contrainte à partir.

A ce stade, je ne voulais plus entendre parler de l’entreprise, des ressources humaines. J’étais totalement dégoutée. Car au-delà de la charge, j’avais perdu tout sens dans mon travail. Seul le Chiffre d’Affaires comptait : facturer, facturer, facturer. Oui mais à quel prix ? Celui de la non qualité ? J’avais l’impression de travailler à la chaîne la majeure partie de mon temps, de faire des prestations dont les clients n’avaient rien à faire, ce n’était pas eux qui payaient.

Je servais à quoi ? Quelle était ma valeur ajoutée ? Moi qui ait grandi avec des parents artisans / commerçants, qui a travaillé dans l’hôtellerie-restauration, qui a la culture du service, je me retrouvais à réaliser un travail de façon automatique. L’envie, la passion, la joie s’étaient envolées !

Après mon congé maternité et quelques mois de congé parental, je suis partie. Sans me retourner, sans culpabiliser avec l’envie d’aller de l’avant et surtout de profiter de l’instant présent : ICI et MAINTENANT.

Il m’a fallu de nombreux mois pour relever la tête. Il y a eu plusieurs rechutes.

La psychotéraphie m’a permis d’identifier que certains environnements professionnels étaient toxiques pour moi. J’ai ainsi choisi de ne plus être salariée. Aujourd’hui, je me sais beaucoup plus utile à l’extérieur de celle-ci qu’à l’intérieur.

Le 21 novembre 2022, je devenais indépendante. Je créais mon entreprise. J’étais seule responsable à bord du navire.

Depuis bientôt 3 ans, je revis professionnellement et par conséquent personnellement également. Je travaille sur des sujets qui me plaisent et me parlent. Je me laisse la possibilité de choisir avec qui je collabore ou non. Et je porte la bonne parole sur des thématiques qui ont du sens : les conditions de travail, les RPS, le handicap, … en espérant contribuer à ma modeste place à rendre le monde du travail meilleur. C’est cette raison qui m’avait poussée en 2001 à m’orienter vers les ressources humaines alors que j’étais en BTS Hôtellerie-restauration : améliorer l’emploi dans mon secteur d’activité “passion”.

Attention, tout n’est pas toujours rose. J’ai des moments de doute, je travaille parfois beaucoup, je suis aussi irritée par les réflexions de certain(e)s de temps en temps … mais il y a une chose que personne ne peut m’enlever : j’ai le choix !

Alors à :

Toutes celles et tous ceux qui vivez ou avez vécu ces moments extrêmement difficiles, sachez qu’une issue positive est possible. Souvent, il est nécessaire de se faire accompagner. Osez, prendre contact avec des professionnels.

Tou(te)s les dirigeant(e)s, professionnel(le)s des RH et managers, pensez à prendre du recul sur votre organisation du travail, sur les modes de relation et surtout faites preuve de courage quand les situations l’exigent. Le fond du sujet est ici et non sur la mise en place de cours de sophrologie ou de conciergerie d’entreprise.

Pour conclure, je voulais simplement vous remercier d’avoir pris le temps de me lire, de lire un petit bout de mon histoire.

Rédaction

Corinne Lusetti-Roger / Partenaire RH des entreprises / C’RRH

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